Voilà ma première participation au concours de Beika, j'espère qu'elle vous plaira. (Rappel thème concours : 5 ans après)
Conan leva les yeux vers le bâtiment, assombri par la nuit. Seule la faible lumière de la lune lui permit de distinguer les contours d’une jeune femme à travers une fenêtre. Elle était cloîtrée, seule, dans sa chambre, perdue dans ses pensées. Pour quelqu’un d’autre que le détective qui la côtoyait, ce réveil si tard dans la soirée aurait simplement été expliqué par une insomnie dû aux examens du lendemain mais il savait bien que la cause, c’était lui. Son absence datait déjà d’il y a cinq ans et il craignait que les soupçons à son égard se confirment d’avantage s’il grandissait encore ne serait-ce qu’un peu. D’ailleurs, elle lui avait paru bien suspecte la matinée dernière, en faisant plusieurs allusions à des moments passés avec Shinichi pour voir comment il réagissait. Heureusement qu’il s’était amélioré et qu’il était désormais capable de parfaitement ressembler au jeune garçon qu’il devait être.
« J’ai peut-être dissipé ses doutes aujourd’hui, mais qu’en adviendra-t-il de la prochaine fois ? En serais-je toujours capable ? »
Ce mensonge lui pesait de plus en plus au fil des années et il ne pouvait plus continuer à jouer ce jeu encore longtemps. Il s’avança vers la structure bétonnée d’un pas lent et résolu. Le garçon de treize ans tapa rapidement le code d’entrée puis disparu dans les entrailles du bâtiment. Il se refusa à allumer la lumière et à prendre l’ascenseur, de peur d’être reconnu si une personne s’aventurait dans le dédalle d’escalier dont regorgeait l’immeuble. Il grimpa les marches d’escaliers avec la plus grande prudence. Quand l’une d’entre elle craquait, il ne pouvait s’empêcher de regarder de droite à gauche afin de voir si personne ne se réveillait. Il fini par arriver devant une épaisse porte en bois de chêne, derrière laquelle se trouvait la personne qu’il désirait voir avant de s’en aller. Il sortit de sa poche un trousseau de clé et ouvrit la porte. Il marcha silencieusement jusqu’à atteindre la chambre de son aimée. Elle était avachie sur son bureau, la tête reposant entre ses bras. Conan s‘arrêta pour la considérer un instant. Qu’elle était belle ainsi installée, qu’il aurait aimée la voir autrement que sous l’apparence de ce jeune garçon aux capacités si développées.
« Si seulement je ne t’avais pas quitté. » souffla-t-il tristement.
Il prit une couverture dans un tiroir et la passa sur son amie tout en continuant de la fixer. Puis il lui glissa dans la main un petit paquet avec une lettre. Il l’observa encore quelques secondes avant de s’en aller. Il refit le chemin inverse, la tête pleine de souvenirs attachés à la silhouette pure qu’il venait de quitter. Puis, de retour dans la rue, il détacha son regard de l’édifice, faisant ainsi une croix sur un passé dont il aurait tant aimé profiter.
« Ne m’oublie pas, Ran. »